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GRAVER L’HOMME : ARRÊT SUR PIERRE HÉBERT
Heure
- 19h30
Date
- Jan 21 2025
Plus d'Infos
LOÏC DARSE (2023) – DOCUMENTAIRE – 75 MIN – VOF – QUÉBEC
GRATUIT
Présenté dans le cadre de Le FIFA près de chez vous
« Chaque film tente de répondre à un mystère. » Cette phrase évocatrice de Pierre Hébert correspond parfaitement au documentaire créatif et émouvant que Loïc Darses consacre à l’illustre cinéaste d’animation. Bien que la gravure sur pellicule demeure le langage privilégié d’Hébert, son œuvre se distingue par la multitude des techniques et des genres qu’il a explorés. Depuis les années 1960, Pierre Hébert a tout expérimenté : de l’animation abstraite à des approches plus narratives, en passant par le collage, le dessin et la performance en direct. À travers ces différentes méthodes, l’ancien étudiant en anthropologie n’a eu de cesse de réfléchir aux enjeux du monde. Si certains de ses films peuvent être associés à une forme de cinéma militant, il serait toutefois plus juste d’affirmer, pour reprendre ses mots, qu’il n’a jamais cessé de tenter de capter « l’embrasement fugitif et insaisissable de la pensée ».
À l’aide d’un travail sensible en noir et blanc qui fait la part belle aux éclats animés du cinéaste, Graver l’homme : arrêt sur Pierre Hébert suit le fil d’Ariane de la gravure sur pellicule pour nous transporter dans le labyrinthe inspirant que forment la vie et l’œuvre de Pierre Hébert. Dès ses premiers plans, le film procède selon un double mouvement évocateur. À mesure que la caméra avance lentement dans des environnements obscurs, transpercés de fulgurances abstraites, un visage calme apparaît. Suggérant que l’homme est indissociable de l’artiste, Loïc Darses déploie une mise en scène qui vise à rendre visibles et concrets le corps et le travail de Pierre Hébert. À l’image de la passion d’Hébert pour l’archéologie, le film gratte ainsi les multiples couches d’un travail protéiforme pour en révéler la profonde cohérence.
Graver l’homme : arrêt sur Pierre Hébert épouse une structure chronologique qui permet de recueillir les réflexions du cinéaste d’animation sur les grandes étapes de sa carrière artistique, de ses débuts fulgurants à l’ONF avec une série de courts métrages abstraits initiée par Op Hop – Hop Op (1966) à son cycle récent de documentaires animés Lieux et monuments. Porté par la parole d’Hébert, le film abolit progressivement le sentiment de distance intrinsèque au genre biographique. Grâce à une mise en scène intimiste et poétique rendant hommage au travail sur les différentes couches de l’image et la multiplication des formes qui est au cœur de la démarche d’Hébert, les parcours de l’homme et du créateur ne font plus qu’un.
Inspiré par l’intarissable soif de découverte qui continue d’habiter Pierre Hébert alors même qu’il lutte contre la maladie, le film de Loïc Darses ne cesse de s’approcher imperceptiblement de son sujet afin de capter respectueusement ses réflexions humbles, lucides et déterminées. Évoquant les inévitables sacrifices personnels, les bonheurs ainsi que les moments de doute et de transcendance qui l’ont marqué, Hébert se livre avec franchise et émotion. Fruit d’une véritable rencontre humaine entre deux cinéastes de générations différentes, Graver l’homme : arrêt sur Pierre Hébert perpétue le geste et immortalise l’empreinte d’un artiste d’exception qui, encore aujourd’hui, persiste à créer pour mieux transmettre de nouvelles formes de vie.