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Entre pellicule et mémoire : la résidence de Brian Virostek

By 4 novembre 2025novembre 13th, 2025Actualités
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Entre pellicule et mémoire : la résidence de Brian Virostek

Nous avons le plaisir d’accueillir le cinéaste et archiviste Brian Virostek originaire de London, Ontario et titulaire d’une maîtrise en Studio Arts, option production cinématographique, de l’Université Concordia à Montréal.

Ayant mené des projets de préservation cinématographique (notamment à Concordia), son travail explore le cinéma expérimental, la mémoire et l’archive. Il a créé des films sur caméra 16 mm tels que Island (2013) et Self Aside (2021), et a co-créé la performance/remix multimédia Holiday Native Land (avec Nicolas Renaud, Prix Spécial du Jury RIDM 2024). Il travaille actuellement comme archiviste audiovisuel à la Division des archives culturelles de Bibliothèque et Archives Canada.

Lors de sa résidence d’une semaine à Rimouski, il a profité du décor de la région, utilisé la Bolex 16 mm du parc de location et capturé des moments de vie autour de lui. Nous sommes ravis de le compter parmi nous et d’offrir à notre communauté l’opportunité de découvrir son univers unique à l’intersection de l’image, de l’archive et du temps.

La résidence s’est conclue par une projection spéciale à la Salle bleue de la Coop Paradis, intitulée Lire le présent dans les archives. Cette soirée de sortie de résidence a permis de découvrir des films sur lesquels Brian a travaillé, ainsi que des œuvres qui nourrissent sa démarche artistique. En croisant ces deux univers, il nous invite à reconsidérer la culture contemporaine à travers les traces matérielles du passé et le rapport à notre environnement qu’elles révèlent.

Brian Virostek

Du 9 au 19 octobre 2025, j’ai effectué une résidence d’artiste près de Rimouski, soutenue par le Centre de production Paraloeil. Les membres du personnel m’ont contacté au préalable pour connaître mes préférences et mes besoins et organiser la réservation du matériel et de l’hébergement en conséquence. De plus, j’ai reçu de nombreuses informations sur les sites pittoresques et les activités culturelles des environs. 

Projection film de Brian Virostek
Échanges en fin de projection avec Brian Virostek

J’ai passé les trois premières nuits au Domaine Floravie. C’était idéal pour observer les marées, la géologie, ainsi que la faune et la flore. Le premier jour, j’ai récupéré le matériel préparé à l’avance : une caméra Bolex 16 mm et un kit d’enregistrement sonore. Le lendemain, je me suis réveillé et j’ai marché trois ou quatre minutes jusqu’au rivage avant le lever du soleil pour filmer les jeux de lumière sur l’eau et les rochers. J’ai tourné une bobine de pellicule, soit environ trois minutes de film, en trois heures de travail. À neuf heures, je suis rentré au chalet, j’ai mangé et je me suis réchauffé. Je me suis reposé un peu avant de reprendre l’appareil et de partir explorer une autre direction. 

Et ainsi jusqu’à dimanche, où j’ai emménagé au Maraîcher d’en Haut. J’ai profité du dernier jour de marché et, par conséquent, je mange très sainement. Claude et Brigitte étaient des hôtes chaleureux et discrets. 

Sur la suggestion d’Anouk, je suis allé filmer à l’Île du Massacre et à la Pointe aux Anglais. L’une des particularités de la caméra Bolex est son obturateur à ouverture variable. On utilise ce réglage le plus souvent pour créer des fondus enchaînés, mais j’étais surtout intéressé par la façon dont il raccourcissait le temps d’exposition. J’ai commencé à réfléchir à la manière dont je pourrais utiliser cette fonctionnalité et à l’effet qu’elle aurait sur l’image. En réfléchissant à cela sur la rive du fleuve, je me suis souvenu d’un plan du film « Holiday Native Land », que j’ai co-réalisé avec Nicolas Renaud. Ce film a remporté le prix spécial du jury au RIDM, généreusement sponsorisé par Paraloeil, ce qui a rendu cette résidence possible. Je me souviens de ce plan de petites vagues constantes d’eau claire ondulant sur une plage de galets d’un grand lac. Je suppose qu’il a été tourné en muet dans les années 20, en 35 mm. Le mouvement des vagues n’était pas fluide, mais plutôt saccadé. Nous avons utilisé ce plan dans la version live de l’œuvre, mais il n’a pas été retenu au montage final. Cependant, son étrange impression de vide a influencé un passage vers la fin du film et me hante depuis. Donc, en filmant de longs panoramiques de vagues sur le sable de l’Île du massacre avec l’obturateur à ouverture variable presque complètement fermé, je souhaitais explorer l’interaction entre la netteté de l’image produite par une courte exposition et l’interruption d’un mouvement de caméra fluide par l’intervalle accru entre ces expositions. J’avais déjà exploré ce genre de tension perceptuelle dans mon film « Island » entre la netteté de la mise au point et la texture granuleuse et rugueuse de l’ agrandissement photographique, et j’ai pu ici l’aborder d’une autre manière. J’attends le résultat avec impatience.

Une épaisse couche de nuages a envahi le ciel vers 15 heures. Bien qu’ils aient continué à bouger, les zones de lumière et de nuages sont restées figées. Je suis retourné à ma voiture, la caméra à la main et le trépied sur l’épaule. À partir de ce moment, mes activités se sont orientées vers la recherche. J’ai rédigé une proposition de recherche-création pour étudier un fonds de partitions de tamboura croate hérité de ma tante. J’ai pu formuler des questions de recherche et une bibliographie. Cela donne une orientation plus claire au projet et me permet d’entrer en contact avec des partenaires potentiels.

Jeudi soir, j’ai présenté trois films au cinéma Paraloeil. Une fois de plus, j’ai été impressionné par la collaboration de l’équipe. Tout avait été préparé à l’avance : les fichiers vidéo avaient été vérifiés et séquencés. Pendant la projection, Victorine a supervisé la projection et le son, et tout s’est déroulé sans problème technique. Anouk, Jean-Philippe et Guillaume, à leur grand mérite, n’ont pas hésité à projeter des films aux sujets difficiles et à la complexité formelle affirmée. Au contraire, ils les ont visionnés en amont et m’ont consulté sur l’approche à adopter lors du débat. Pendant la discussion entre les films, Guillaume a su me mettre à l’aise et a su capter l’attention du public. J’ai été très satisfait de cet échange qui a abordé les thèmes de l’archivage, de la culture et de la nature de l’oppression et du fascisme.

Tourner en 16 mm pendant quatre ou cinq jours d’affilée m’a permis de perfectionner mes compétences en cinématographie 16 mm sans la pression d’un projet final à présenter. Je suis également reconnaissant d’avoir pu me concentrer pendant quelques jours sur un seul texte, sans aucune distraction. L’ambiance à Paraloeil est coopérative et positive. Merci d’avoir soutenu mon travail artistique.

Avec mes salutations amicales,
Brian Virostek

Un grand merci à Brian, on a hâte de voir le résultat des prises de vues effectuées avec la bolex 16mm !


Ces résidences créatives sont rendues possibles grâce au soutien financier du Conseil des arts et des lettres du Québec et la MRC Rimouski-Neigette, partenaires du Programme de partenariat territorial du Bas-Saint-Laurent.